Dans un contexte où même les petits travaux de rénovation semblent nécessiter de plus en plus de réflexion et de préparation, le bricolage, autrefois considéré comme une passion collective des Français, entre dans un cycle de désaffection inquiétant. En 2024, le secteur du bricolage a enregistré une baisse de 4,3 % de son chiffre d’affaires, un mouvement qui ne fait que s’accentuer au fil du temps. Bien que durant les périodes de confinement, le bricolage ait connu un fort regain d’intérêt, ce n’est désormais plus le cas. De grandes chaînes telles que Leroy Merlin, Castorama et Mr Bricolage subissent cette tendance préoccupante, et la question se pose : pourquoi les Français se détournent-ils de leurs projets de bricolage?
Contexte du secteur du bricolage en France
Avec un chiffre d’affaires qui a chuté à 22,1 milliards d’euros en 2024, le marché du bricolage observe un recul notable, impliquant une large part des magasins de bricolage tels que Brico Dépôt, Bricorama et BHV. La tendance à dépenser moins se reflète même dans les rayons les plus touchés, comme la menuiserie et la plomberie, qui accusent des baisses respectives de 7,2 % et 5,1 %. La raison principale de ce fléchissement semble être la forte compétition et la hausse des prix.

Facteurs influençant la baisse des ventes
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. D’une part, une étude publiée par Nielsen et relayée par Ouest-France met en évidence une baisse de 6 % des ventes dans les grandes surfaces de bricolage, qui représentent 90 % des achats de bricolage en France. Ce phénomène est lié à un marché immobilier en déclin.
En effet, l’activité de bricolage est souvent corrélée aux mouvements dans le secteur de l’immobilier. Lorsqu’un logement change de propriétaire, des travaux de rénovation sont souvent entrepris. Cependant, avec une baisse marquée des ventes de logements anciens, les projets de bricolage se sont raréfiés dans de nombreux foyers.
- Baisse du nombre de déménagements en France
- Augmentation des prix des matériaux
- Préférences évolutives des consommateurs
À quelles nouvelles dynamiques de bricolage assistons-nous ?
Les Français ne choisissent pas d’abandonner complètement le bricolage. Malgré la baisse des ventes, 80 % des Français ont jardiné ou bricolé au cours de l’année 2024, et deux tiers d’entre eux le font au moins une fois par mois. Cette dynamique indique une évolution des pratiques, vers des projets plus petits, plus réalisables et souvent moins coûteux.
Émergence de nouveaux comportements
Le contexte économique a modifié le rapport au bricolage. Les consommateurs sont désormais plus attentifs aux prix, ce qui amène à une réflexion plus poussée avant l’achat. Un client interviewé dans un magasin a partagé son approche : « Je réfléchis, j’analyse parce que c’est extrêmement cher. Le moindre truc, ça vaut une pince… ou deux. » Ce constat renforce l’idée qu’il y a un changement de mentalité quant aux dépenses.
Retour au Système D, une tendance qui valorise plus le savoir-faire et les compétences personnelles plutôt que de s’appuyer uniquement sur les grandes enseignes. Pour s’adapter, les magasins de bricolage pourraient envisager de proposer des ateliers de bricolage, renforcer leurs services comme Bricolage Service, et mettre l’accent sur la communauté et l’entraide.
- Des ateliers pour partager des compétences
- Des conseils en ligne pour accompagner les projets
- Favoriser l’échange entre bricoleurs
Les implications sur le marché immobilier
Le marché du bricolage est un reflet du marché immobilier, et les deux sont intrinsèquement liés. En effet, la situation actuelle montre que la décroissance des ventes de logements impacte directement l’activité des magasins spécialisés. Selon Juliette Lauzac, chargée d’étude pour Inoha et FMB, « car dans un logement qui a changé de propriétaire, des travaux vont se faire, il y a un laps de temps d’un à trois ans pendant lesquels on va avoir des projets ».
Année | Chiffre d’affaires en milliards d’euros | Variation par rapport à l’année précédente |
---|---|---|
2022 | 23,1 | +6% |
2023 | 23,1 | 0% |
2024 | 22,1 | -4,3% |
Le besoin de renforcer les collaborations
Pour faire face à ces défis, les acteurs du secteur du bricolage sont encouragés à réfléchir à des synergies avec les industries connexes, comme l’immobilier et l’hébergement. En se démarquant par des offres novatrices, des entreprises comme Leroy Merlin Pro se positionnent sur le marché basé sur le service et la qualité, au lieu de se concentrer uniquement sur le chiffre d’affaires. L’innovation dans les services, la formation et le soutien de la communauté pourraient jouer un rôle fondamental dans la redynamisation de ce marché.
Propositions pour un retour à l’engouement
Pour redynamiser l’intérêt autour du bricolage, les responsables du secteur doivent se questionner sur les attentes des consommateurs et les tendances émergentes. Les stratégies pourraient inclure des services d’accompagnement pour aider les clients à mieux réaliser leurs projets, ainsi que l’amélioration de l’expérience en magasin. Les ateliers de bricolage, par exemple, peuvent être des occasions d’interaction directe avec les clients, et de leur faire découvrir le plaisir de la création, et ce, à moindre coût.
- Organiser des événements communautaires autour du bricolage
- Offrir des réductions sur les formations en bricolage
- Promouvoir un retour à l’autonomie grâce à des outils simples et adaptés
L’importance de l’éducation au bricolage
Initier les jeunes générations au bricolage est un enjeu crucial. En introduisant des modules de bricolage dans les écoles, on peut sensibiliser les enfants à l’importance de la pratique manuelle et au développement durable. Des initiatives similaires ont déjà vu le jour dans plusieurs régions, mais elles doivent être étendues pour toucher un plus grand nombre de jeunes. En se basant sur la création d’un réseau de partenaires, tel que Bricolage Service, les enseignes pourraient s’engager dans des programmes éducatifs.
Réflexions sur l’avenir du bricolage en France
Le futur du bricolage en France dépendra donc de la capacité des acteurs à s’adapter aux besoins des consommateurs. Alors que 2024 marque une année de profonde transition, il est clair que malgré l’essoufflement, l’engouement pour le bricolage ne peut pas totalement disparaître. Les Français souhaitent continuer à créer et à innover, même si cela se fait à une échelle réduite. Que peut-on faire pour retrouver cet enthousiasme ?
- Promouvoir les initiatives locales et collaboratives
- Soutenir les entreprises qui proposent des produits de qualité à prix raisonnable
- Encourager le recyclage dans tous les projets de bricolage
Sans une réponse proactive et adaptée, le secteur du bricolage pourrait continuer à souffrir. De quelle manière envisagez-vous de participer à ce renouveau ?